Préalable :
L’accident est du à une contamination en Pseudomonas associée à des facteurs favorisant leur multiplication. L’origine de contamination la plus fréquente est l’eau. Pour établir un diagnostic, il faut décrire l’accident et investiguer différents éléments, présentés au chapitre II.
Le lait est contaminé, comment le vérifier ? Deux possibilités. Il est utile de faire les deux tests.
Par le test du filtre : le filtre de la machine à traire va concentrer sur une petite surface les Pseudomonas. Il suffit de laisser un à deux jours le filtre à température ambiante mis dans un sachet plastique (afin d’éviter une possible contamination par l’air) et d’observer la coloration du filtre. S’il y a une coloration jaune vert fluorescente, il est probable que le lait soit contaminé
Par l’analyse microbiologique du lait
1. Le lait est contaminé par les trayons (rare) ou la peau de l’animal
a) Facteurs favorisants
Les facteurs suivants vont favoriser la contamination des trayons :
- les mamelles sont sales
- les fourrages et pailles utlilisés sont dans les litières moisis et humides
- l’ambiance de l’habitat est favorable : état d’empoussièrement excessif, aire d’exercice avec eau stagnante
b) Moyens de détection
- observations des points cités en a)
- mesure d’ambiance avec les boîtes de pétri contenant un milieu spécifique
c) Mesures correctives
- essuyer les trayons avec du sopalin, voire procéder à un lavage avec des lavettes individuelle en vaches laitières (désinfecter les lingettes à l’eau de Javel ou à l’eau bouillante après usage)
- si les refus sont moisis et humides, arrêter la distribution des refus
- travaux pour éliminer l’eau stagnante (empierrage, drainage pente...)
2. Le lait est contaminé par l’air de la salle de traite
a) Facteurs favorisants
- état d’empoussièrement excessif
- chute fréquente des faisceaux trayeurs
b) Moyens de détection
- observations des faisceaux de poussières à la lumière
- assistance à la traite : observer les chutes de faisceaux à vérifier qu’il y a bien coupure du vide à chaque changement d’animaux (mettre le pouce dans le manchon, bruite de l’air qui passe dans les manchons)
- mesure d’ambiance avec les boîtes de pétri contenant un milieu spécifique
c) Mesures correctives
- faire appel au technicien "machine à traire" pour un contrôle de la machine à traire et procéder à une assistance à la traite pour détecter les pratiques à risque
3. Le lait est contaminé par les biofilms du matériel de traite ou de stockage du lait
a) Facteurs favorisants
- la méthode de nettoyage est inadaptée (pas de respect des doses et température)
b) Moyens de détection
- la présence de biofilms dans la machine à traire est évaluée par passage du lait UHT dans la machine à traire (à regarder en priorité), et par utilisation de chiffonnettes pour le matériel de stockage du lait
c) Mesures correctives
4. Le lait est contaminé par l’eau de nettoyage et de rinçage
a) Moyens de détection
- l’analyse de l’eau se fait dans un laboratoire spécialisé (DDASS, autres laboratoires spécialisés dans l’analyse des Pseudomonas) selon une technique de prélèvement spécifique décrite dans le chapitre précédent
b) Mesures correctives
5. Le lait est contaminé car les conditions de stockage du lait favorisent la multiplication des Pseudomonas
Les Pseudomonas étant des germes psychrotrophes, des durées de stockage trop longues (supérieures à 24 heures) ou des températures de stockage supérieures à 8°C favorisent leur multiplication.
a) Facteurs favorisants
- le stockage en chambre froide ne permet pas de refroidir rapidement et peut de ce fait entraîner une multiplication des germes dont Pseudomonas
- lorsque le stockage au froid se fait avec un refroidisseur à bidon, les bidons ne sont pas suffisamment immergés ce qui fait que le refroidissement du lait n’est pas homogène
- utilisation des bidons en plastique (refroidissement plus lent)
b) Moyens de détection
- vérification des facteurs favorisants en a)
- analyses du lait avant et après report
c) Mesures correctives
- utilisation d’un matériel de refroidissement adapté (refroidissement à 6°C en 2 heures)
- l’immersion des bidons dans l’eau froide plutôt que l’utilisation d’une chambre froide
- immersion des bidons au moins au niveau du lait
6. Le lait de fabrication est contaminé parce que les conditions de prématuration du lait favorisent la multiplication des Pseudomonas
La prématuration est l’étape qui consiste à acidifier le lait à des températures basses (10-16°C) pendant 12 heures en moyenne.
L’acidification peut se faire par les bactéries lactiques initialement présentes dans le lait dans le cas où les flores lactiques du lait sont en grande quantité et dominantes, ce qui est assez rare.
Dans la majorité des cas, un ferment lactique (ferments commerciaux, lactosérum issu du moulage des caillés lactiques) est rajouté dans le lait pour que la concentration en flore lactique du lait soit au minimum de 100 000 UFC/ml.
Si l’acidification s’est réalisée pendant la prématuration (gain d’acidité d’au moins 5°D), les Pseudomonas initialement présents se multiplient lentement. En revanche, s’il n’y a pas eu d’acidification ou peu d’acidification, les températures de prématuration sont favorables à la multiplication des pseudomonas.
a) Facteurs favorisants
- prématuration sans ferments lactiques
- température de prématuration trop basse (< 12°C), ne permettant pas la multiplication des bactéries lactiques
- les ferments lactiques sont en quantité trop faibles pour acidifier
- les ferments lactiques n’acidifient pas (défectueux, inadaptés à la température de prématuration)
b) Moyens de détection
- mesure d’acidité avant et après prématuration : si gain d’acidité trop faible ou absence de gain, vérifier la dose et la température de prématuration
- analyse microbiologique (recherche de Pseudomonas) du lait avant et après prématuration
c) Mesures correctives
- revoir les conditions de prématuration (températures, doses)
- changer de ferments lactiques
Se référer également à la fiche de gestion de la prématuration présente dans le guide "défauts d’acidification".